Alberto Montero revêt sa plus belle pop de chambre

Le troubadour espagnol s’affranchit du song-writing traditionnel avec un album de la maturité on ne peut plus harmonieux et au parti pris orchestral accessible à tous.

Les groupes indie espagnols traversent difficilement les Pyrénées.  Étant allé personnellement plusieurs fois à deux des grandes messes espagnoles que sont le FIB et le Low Festival , je ne suis jamais tombé de l’armoire avec la « pop » de la péninsule. Mise à part le concert de dingue de ZA! (des potes à Alberto d’ailleurs) en septembre 17 au détonnant festival Baignade Interdite  à Rivière dans le Tarn, je ne suis resté accroché qu’aux disques des cadors des nineties : Los planetas et Migala.

Après avoir fait ses gammes en groupe, Alberto Montero part s’installer à Barcelone et commence une carrière solo en marge de la production très popy espagnole. Dès 2008 il sort un premier disque où il joue à peu prés tous les instruments en chantant en anglais sur des compositions folk-rock. Pour son deuxième disque en 2011, Claroscuro, il chante cette fois dans la langue de Cervantes et ses compositions prennent une tournure plus romantiques.

Pour la petite histoire, c’est grâce à la programmation de l’improbable lieu le garage secret dans le quartier des Minimes toulousain, que j’ai pu découvrir l’année dernière Alberto Montero en première partie de Eloise Decazes & Eric Chenaux. Le Piers Faccini ibérique joua en solo avec sa guitare classique et interpréta des chansons mélancoliques sans être dramatiques. Sa prestation me laissa scotché et imperméable au duo qui suivi. Je lui ai acheté son disque Arco mediterraneo (2015) qui devint par la suite mon disque de chevet. A la première écoute, je m’aperçus qu’il  manquait deux titres exceptionnels qui étaient restés gravés dans ma mémoire depuis le concert : Hoy ayer et En el Camino  issu de Puerto Principe (2013) que j’ai pu retrouver heureusement sur son bandcamp.

Les deux titres ici unplugged plus quelques autres :

Les deux précédents LP sont selon moi et avec un enthousiasme pas très feint, proches de la quintessence du genre classical-folk. Les compositions sont habillées avec grâce par un quatuor à cordes, le timbre de voix angélique d’Alberto et sa technique de chant pro-lyrique auréole son œuvre de bout en bout. Ce sont deux  disques aux mélodies radicalement chantantes que nous attendions tous de Brian Wilson et Alberto Montero nous les a offert.

Depuis 2016 et jusque l’enregistrement en été 2017, le compositeur et tous les musiciens qui l’entourent pour son dernier projet ont empilé pierre après pierre afin de construire cette cathédrale.  Alberto continue d’expérimenter avec beaucoup de cohérence l’harmonie et le contrepoint. Son processus de création nous amène aujourd’hui, à l’écoute de La catedral sumergida, un disque plus intime  qui invite à  nous recueillir. Le valencien, catalan d’adoption,  s’éloigne de manière surprenante du song-writing pour se rapprocher d’une pop de chambre. Sa cathédrale nous submerge par des thèmes de piano à la Debussy, d’introductions au violoncelle oniriques et donne ainsi la part belles aux cordes et donc moins qu’à la guitare/chant comme auparavant.

Ce nouveau disque est peut-être le moins calibré pop, le plus conceptuel mais les compositions sont toujours aussi subjuguantes. Alberto Montero a, comme quelques-uns, trop de talent pour être célèbre. Son chef d’œuvre est distribué depuis le 6 avril 2018 par BCstore.

François LLORENS

Roche avoisine les plus grands

Aaron Roche,  musicien basé à Brooklyn n’est pas un artiste torturé mais contrasté. Il concocte du folk lo-fi en lui agrémentant des sonorités d’avant-garde, composition contemporaine mais inspirée par une tradition folk-américaine, Aaron Roche est un multi-instrumentiste qui travaille aussi et surtout comme ingénieur du son.

Sa tournée qu’il effectue actuellement en Europe permet de (re)découvrir sa discographie et son dernier LP Haha Huhu datant de l’année dernière. Seulement trois dates en France pour applaudir le troubadour new-yorkais en concert acoustique, les plus chanceux ne le manqueront pas le 10 Avril à Caen,  le 11 à Paris et le 12 à Lille.

Pour cet évènement, un nouveau clip a été réalisé par Anna RG pour l’excellent Supreme Monument avec comme guest au chant traditionnel indien : Mirande Rajeev.

Aaron Roche a un CV de poids puisqu’il accompagne en tournée depuis longtemps les plus grands folkeux de ces dernières années comme Lower Dens et Sufjan Stevens. Ce qui lui a permis de se construire une grande maturité et de se forger ainsi son propre style.  La preuve à l’écoute de ses chansons folk uniques en son genre et à l’émotion maîtrisée.

Aaron Roche

François LLORENS

Grand Veymont atteint des sommets

Objet disque (Perio, Mocke, etc.) nous gratte-hifi  une fois de plus d’un EP qui porte bien son nom : Route du vertige.  Sorti le 18 février dernier, ces 4 titres aériens nous sont insufflés par un duo d’explorateurs de splendeurs : Béatrice et Jossselin aka Grand Veymont.

L’ascension de Grand Veymont, le plus haut sommet du Vercors (sic) ne dure que 45 minutes (le disque) mais cela suffit pour vite rentrer dans une transe synthétique. L’écoute s’apparente à une randonnée à travers les grands espaces pop , un saut avec ou sans élastique dans le Vert-Kraut, prendre de la hauteur enfin, sur des cimes analogiques. Au sommet, je déchausse le casque et continu d’être pris d’une extase cotonneuse jusque tard.

L’indiscutable héritage de Broadcast et de Stereolab est omniprésent pour les vétérans mais la référence passée, Route du Vertige  se trouve être unique et d’une très grande élégance. Entre le chant et la narration en français, Béatrice nous livre ses psaumes de façon habitée ce qui installe tout du long une atmosphère onirique, propice à la contemplation.

Grand Veymont

Les claviers vintages maîtrisés et une belle production confère à ce disque somptueux une aura qui saura dépasser je l’espère l’entre soi des diggers.

François LLORENS

La Norvège nous offre son émergence !

Anna of the North

Continuant son travail de défrichage de l’émergence des différents pays du monde représentés sur son site de partage et de vente de la Musique, (le seul actuellement équitable pour les jeunes artistes), le Daily Bandcamp du moment est norvégien. Pas moins d’une douzaine de formations artistiques représentés pour nos oreilles en quête de nouveauté un peu fraîche et glacée. De la musique internationale électronique d’Anna of The North, en passant par la pop très actuelle d’Einar Stray Orchestra et de Chain Wallet ou encore la musique très nordique de Blood Forest qui n’aurait rien à envier à Emiliana Torrini et aux Sugarcubes, la surprise vient d’Alexander Von Mehren qui chante en Français !  Tadam !

A lire et à écouter ici : https://daily.bandcamp.com/2017/03/27/the-new-sound-of-norway/

Le Daily Bandcamp se découvre ici : https://daily.bandcamp.com/ et on aime.

 

 

 

Musique électronique Iranienne sur Bandcamp

Antiope

Tout n’est pas complètement dit dans le titre ! Pour preuve l’excellent article du Daily Bandcamp « A guide to Iran’s Electronic Underground » qui recense sur sa plateforme les meilleures tendances du moment et nous fait un éditorial des plus intéressant sur la Musique électronique en Iran ou réalisée par des Iraniens. Un véritable guide commenté et des extraits d’entretiens qui poussent les portes d’un pays, pour nombreux d’entre-nous totalement inconnu,  et qui nous entraîne très loin des idées reçues.

Plongez dans cet article maintenant et découvrez  Antiope et sa musique post contemporaine, Porya Hatami et sa magie ambiant ou encore les drones puissants de Tegh and Kamyar Tavakoli ainsi que bien d’autres artistes exceptionnels. Bandcamp nous prouve une nouvel fois qu’il reste un acteur essentiel de la découverte et du soutien à la pluralité des musiques actuelles.

A Guide to Iran’s Electronic Underground

 

 

Bandcamp et les yéyés français d’aujourd’hui !

La Femme, Fishbach ou Laure Briard dans un édito Bandcamp sur le revival yéyé. La France, écoutée par les anglo-saxons n’aura toujours d’intérêt que par ce monument de l’histoire de la Musique pop française, qui n’est qu’un fake, un mouvement fait de covers et d’adaptations parfois douteuses par des artistes à la carrière aléatoire, surproduits pour « ressembler à » (Halliday, Vartan ou Gall et bien d’autres… Françoise Hardy aussi même si elle a transcender le genre), la culture Française par l’exception ! Explications dans le Bandcamp Daily où les clichés continuent de survivre même hors de nos frontières.

Seven French Artists Putting a New Spin On Yé-Yé