Difficile de faire l’impasse de la musique d’ARCA (aka Alejandro Ghersi), une musique parfois aussi difficile à écouter qu’à comprendre, tellement le chaos domine ce nouvel album intitulé « Arca » et qui sonne comme un manifeste artistique.
C’est que le jeune homme né au Venezuela le 30 Avril 1990, n’est pas totalement un inconnu : tour à tour producteur pour Kanye West ou FKA Twigs, il a fait ses armes avec la grande prêtresse islandaise Björk en produisant son dernier album « Vulnicura » en 2015, ce qui l’a fait connaître à un public plus large.
Sur son troisième album après Xen et Mutant (Mute), Arca travaille une musique hybride qui mélange des bruits concrets à la manière d’un Matmos satanique à des sonorités purement électroniques, a de la street beat sale et déstructurée. Et Ghersi d’une voix mal assurée, chante les corps en transformation passant d’un registre grave à aiguë, souffle des mélodies crépusculaires, comme si il allait tomber dans l’abîme de ses propres angoisses.
Arca est un album apocalyptique, rugueux et violent, qui évolue parfois dans des systèmes aqueux dans lesquels la chair se dilue en substances de corps distordus et troubles, comme ceux qui illustrent les vidéos réalisées avec Jesse Kanda, l’artiste visuel avec lequel il travaille depuis le début de sa carrière. On pense facilement au peintre Francis Bacon et à ses corps en distorsion, cassant les codes de la représentation et refusant la figuration pour se concentrer sur l’essence de l’âme qui souffre. Y a t-il de l’espoir dans ce futur antérieur sombre et parfois hanté par la mort ?
Une hybridation musicale qui insupportera certains et en fascinera d’autres…
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