Splendeurs et excès de l’hyperpop

Qu’est-ce qui rapproche Sophie, Dorian Electra ou 100 Gecs ? Ces artistes partagent une obsession immodérée pour les nouvelles technologies et la pop, dont ils s’ingénient à distordre les codes pour façonner une nouvelle esthétique, « l’hyperpop ».

L’hyperpop est un mouvement, une tendance musicale qui s’est développée avec une jeune génération d’artistes biberonnée à Internet. S’emparant des codes de la pop mainstream, elle les distord jusqu’à sculpter une esthétique excessive qui façonne une « hyper » pop. Elle ne fait pas référence à un genre musical précis, mais embrasse au contraire une diversité de sonorités issues de tout ce que l’industrie a produit au cours de ces trente dernières années.

Cette génération de musiciens s’illustre par son refus d’exploiter les arcanes d’un seul genre, préférant jongler entre toutes les références libres d’accès sur la toile : des vagues électroniques successives (eurodance, dubstep, electroclash, witch house) au courant emo souvent moqué (le crunkcore, pop-punk, screamo) de nouveau en vogue depuis l’avènement du cloudrap, né sur Soundcloud au début des années 2010, plus éthéré et lo-fi que le rap mainstream. En célébrant ces styles musicaux dévalués, l’hyperpop se joue des critiques qui essaieraient d’établir un quelconque bon goût, et exhume de l’ombre une multitude d’effets sonores qui exhaussent la pop d’une aura criarde, foncièrement chaotique.

Aux origines, le label PC Music

Pour remonter jusqu’aux racines de l’hyperpop, il faut retourner en 2013 à Londres, lors de la création du label PC Music, fondé par le producteur et musicien AG Cook. Passionné par la technologie et les nouvelles tendances musicales des années 2010, il met à dessein le numérique pour engendrer une pop hybride et expérimentale, empreinte d’un travail nourri de réflexions autour du sound design.

PC Music est imprégné de cyberculture, des voix féminines très décalées qu’il module dans ses chansons à l’esthétique visuelle 2.0, entre Comic Sans MS et mise en scène de soi sur les réseaux sociaux. AG Cook partage avec l’artiste protéiforme et emblématique de l’hyperpop Sophie l’ambition d’explorer le son d’une matière inédite à travers le prisme numérique. En 2015, ils créent ensemble le projet QT, qui dévoile une chanteuse fictive à la voix ultra-pitchée vantant les mérites d’une boisson énergisante imaginaire dans le clip « Hey QT ». Les frontières entre virtuel et réalité sont brouillées mais très rapidement, la fenêtre virtuelle défrichée par l’hyperpop se donne à voir comme une réalité augmentée, ouvrant la voie à tous les possibles.

La première compilation du label sortie la même année, PC Music Vol.1 est toute imbibée de cette atmosphère informatique dont se jouent cette nouvelle vague d’artistes comme Hannah Diamond. En 2017, la chanteuse de pop à succès Charlie XCX sélectionne AG Cook pour diriger la création de son projet artistique. Un véritable fer de lance pour le label qui donne un nouveau tournant à la carrière de la chanteuse, qui prend un virage électronique plus marqué et multiplie les références aux années 90. De plus en plus d’artistes pop mainstream sont conquis par cette veine futuriste, l’hyperpop prend de l’ampleur.

Une playlist Spotify propulse le mouvement

Malgré ces nombreuses avancées, c’est en 2019 que l’hyperpop finit par déferler dans les oreilles du grand public. La raison ? Une playlist Spotify, sobrement nommée « HYPERPOP », prête à s’emparer de tous les curieux. Dans une interview au New York Times, Lizzy Scabo, éditrice pour la plateforme, explique avoir eu l’idée de créer cette playlist après avoir vu apparaître le mot « hyperpop » dans les métadonnées des titres écoutés sur le site de streaming depuis 2014. C’est la première fois qu’une playlist définit et érige un mouvement musical au pinacle, les listes de lecture étant habituellement créées suite au succès d’un genre. Ce phénomène témoigne de l’influence des plateformes de streaming sur les auditeurs, leur manière d’écouter et concevoir la musique – Spotify cumulant à lui seul plus de 400 millions d’utilisateurs actifs.

L’explosion 100 Gecs

Néanmoins, le succès de la playlist fait écho à celui du groupe 100 Gecs (duo américain créé en 2015) qui connaît une audience virale en 2019 avec ses opus 1000 Gecs et 1000 Gecs and the Tree Of Clues, disque de remixes avec des artistes hyperpop tels qu’AG Cook, Charlie XCX ou Dorian Electra. 1000 Gecs, c’est un cocktail détonnant d’à peine 23 minutes qui mixe allègrement dubstep, trap, rock emo, crunckcore… Tous ces courants qui ont habité le duo pendant leur adolescence mais sont peu reconnus, souvent raillés, irriguent leurs chansons jusqu’à la saturation. Mêler les références est tellement évident pour eux qu’une seule chanson englobe plusieurs genres, comme « Stupid Horse », morceau de deux minutes qui donne l’impression d’un medley sous acides.

Une composition frénétique comme celle-là, fréquente dans l’hyperpop, est le reflet d’une génération de musiciens surconnectée qui superpose pêle-mêle les sonorités comme autant de liens ouverts dans la fenêtre d’un navigateur. Il y a tant d’informations que les hiérarchiser devient obsolète, et c’est un peu ce qu’exprime le duo avec ce disque. Pete Wentz, le bassiste du groupe de pop-punk Fall Out Boy, qui a collaboré avec 100 Gecs pour la chanson « Hand Crushed by a Mallet » compare le groupe à Nirvana, Lady Gaga ou Skrillex et loue leur audace sonore dans une interview à Pitchfork : « ils ont créé un espace qui n’existait pas pour cette musique. » 100 Gecs, qui a commencé sa carrière en donnant des concerts virtuels sur le jeu en ligne Minecraft (comme beaucoup d’autres artisans de l’hyperpop) va fouler le sol de réelles salles de concerts lors de sa tournée de 2022 aux États-Unis et en Europe.

Réinventer la pop avec Internet

L’hyperpop se distingue par la manière dont les artistes intègrent le web à leur production. Comme un instrument de musique ou le leader d’un groupe, il est omniprésent dans chacun des morceaux. Internet est une extension de la pop, il la sublime et la déforme, jusqu’à lui donner un visage inédit. Ces nouveaux artistes ont ingéré toute la musique disponible gratuitement en ligne. Cette consommation gargantuesque infuse leurs compositions jusqu’à l’excès induit par les glitchs (effets sonores défaillants) qui miment un bug informatique avec des répétitions de mots incessantes. Entre chant, rap et cris, les voix sont tellement auto-tunées que les paroles sont parfois inaudibles et engendrent une texture hybride, où la machine s’est fondue dans l’humain.

Instagram et Reddit ont été des compagnons d’adolescence et ne comptent pas les quitter de sitôt à l’âge adulte, comme un atteste l’esthétique acidulée de leurs clips japonisants, ponctués de références aux jeux vidéos et aux mèmes. La mise en scène de soi exacerbée par les réseaux sociaux n’est jamais très loin, comme en atteste « Influenceur », tube du duo Ascendant Vierge, devenu un véritable phénomène à l’été 2020. Entre techno gabber et chant lyrique, ils questionnent l’abus de selfies dont se gargarise la génération Z tout en incitant son public à se défouler sur des morceaux taillés pour les rave-parties.

Outre les paroles, les chansons puisent dans le sound design numérique, comme la présence récurrente de sonneries de téléphone ou bruits de notification, des sonorités incrustées dans le quotidien auxquelles il est difficile de se soustraire. Le tempo est ultra-rapide, rivé à l’accélération d’une époque pressée où l’économie de l’attention fait défaut. Le format de l’hyperpop répond à ces tares avec des morceaux très courts d’une ou deux minutes, plus succincts encore que le format radio. Le public cible de l’hyperpop est branché sur les réseaux, notamment TikTok qui joue un rôle majeur dans la diffusion du mouvement. Les séquences accrocheuses des titres attirent l’auditeur et sont utilisées en tant que support par les créateurs numériques. Le courant gagne en visibilité et répond également aux besoins de l’alt-TikTok, une communauté avide de nouveautés où le bizarre règne et à ce jeu, l’hyperpop tape à l’œil excelle.

Les artisans de l’hyperpop

Si aucun artiste ne se réclame de l’hyperpop, des créateurs novateurs comme Sophie ou Dorian Electra ont participé à l’émergence de nombreux musiciens.

La regrettée Sophie, décédée en 2021, qui a écrit et remixé des chansons pour Madonna ou Rihanna, a marqué au fer rouge le monde de la musique. Son album Oil of Every Pearl’s Un-Insides (2018) où elle distille une pop avant-gardiste, suave comme agressive, est résolument inclassable. Obsédée par la musique électronique, elle aspire à concevoir un son qu’elle qualifie « offensif », transgressant les mélodies pop classiques dans un morceau comme « Faceshopping ». Dans un entretien à Tracks, elle résume ainsi ses aspirations : « J’essaie d’imaginer un monde sonore hyperréaliste qu’on entend dans les blockbusters et de créer des versions distordues, exagérées, de phénomènes naturels. »

Sophie partage avec Dorian Electra une identité queer, inspirante pour la communauté LGBTQI+. L’artiste américain au look très travaillé – costume victorien, tenues BDSM, maquillage outrancier et moustache dessinée – se définit comme non-binaire. Il déboulonne la masculinité toxique dans ses albums Flamboyant (2019) et My Agenda (2020) aux textes militants. Ce décloisonnement autour du genre est prégnant dans l’hyperpop et injecte une dose de créativité supplémentaire dans le mouvement.

Enfin l’hyperpop fait autant la part belle aux artistes se mettant en scène dans un décor enfantin et girly comme Liz, Hannah Diamond, Oh! Dulceari x Leston, que des musiciens qui explorent l’extension du cloud rap emo des années 2010. Ces derniers proposent une vision du monde plus sombre, où l’amour côtoie la violence, la drogue la solitude et l’ennui… Avec toujours autant d’autotune et de couleurs flashy. Inspirés par Lil Peep ou Machine Gun Kelly, ces néo-rappeurs se nomment MIDWXST, 645AR ou glaive. Parlera-t-on jour d’un « hyper » rap ?

Pour planer dans la sphère hyperpop, découvrez notre playlist ici.

Holly Herndon, musicienne et chercheuse

holly herndon

Avec son nouvel album Proto, la compositrice et chercheuse Holly Herndon s’est lancée le défi de placer l’intelligence artificielle au cœur du dispositif musical. Pari réussi.

Le troisième album d’Holly Herndon, Proto, est sorti le 10 mai sur le label 4AD (Grimes, Cocteau Twins, Bon Iver). Après avoir passé son adolescence à Berlin durant l’âge d’or de la techno, elle rentre aux Etats-Unis, à San Francisco, pour aller étudier à l’université de Stanford où elle obtient son doctorat en composition musicale et informatique. La jeune femme a récemment achevé sa thèse qui portait sur l’utilisation des voix dans la musique par ordinateur et donne, aujourd’hui, des cours dans des ateliers de recherche. Avec ce nouvel opus, elle poursuit sa quête sonore avant-gardiste et pop où l’étendue des possibilités technologiques constitue un prolongement et une ouverture à l’innovation.

Avec son collaborateur de longue date Mathew Dryhurst, elle a créé une intelligence artificielle nommée Spawn (progéniture) accompagnant une kyrielle d’invités (dont la musicienne et productrice de musique électronique Jlin ayant de plus en plus de renommée outre-atlantique). Lors de l’enregistrement d’un « live training » où elle modifie les voix d’une chorale, cette combinaison inattendue produit un résultat qui l’est tout autant.

Pendant l’écoute des treize morceaux que constitue Proto, l’éclectisme est au rendez-vous. Certaines chansons comme « Eternal » ou « SWIM » – les plus pop de l’album – font la part belle à la tessiture d’Holly, éthérée mais puissante, guidée par un tempo alliant rythmes cotonneux et énergiques. Ses expérimentations sonores constituent une véritable odyssée à travers les âges et les espaces : l’ambient de « Crawler » est imprégné d’une atmosphère organique où les vibrations de la nature reconstituées par ordinateur, côtoient les voix a capella des choristes, donnant une dimension liturgique à la fin de la piste. En effet, la chanteuse s’est inspirée de nombreuses traditions musicales anciennes que sa créature Spawn mêle aux voix robotisées, comme sur « Fear, Uncertainty, Doubt », les remodulant à l’excès. Depuis son premier album Movement sorti en 2012, Holly imprègne ses compositions de philosophie et ses arrangements cybernétiques provoquent un enfantement de la beauté. Proto, projet comparable à nul autre, place l’intelligence artificielle au cœur de la création et on ne peut s’empêcher de se questionner sur la part de liberté qu’Holly lui concède. À quel point Spawn intervient-elle avec la chorale, les rythmiques, le mix final ?

En enfantant Proto, qu’elle appelle elle-même son « baby », Holly Herndon s’est lancée le défi d’ériger la technologie, non pas en tant qu’objet voué à déshumaniser l’art mais au contraire, à l’augmenter de manière indéfinie. Cette tentative abolit la frontière des genres et permet à l’artiste de créer un nouvel écosystème musical.

 

https://www.hollyherndon.com/

Holly Herndon « Eternelle »

Holly Herndon, photo Par Boris-Camaca

Préparant la sortie de son prochain album « Proto » le 10 Mai prochain sur le label anglais historique 4AD, l’artiste du Tennessee rapatriée à San Francisco après un bref passage à Berlin, révèle une nouvelle vidéo en forme de manifeste « Eternal » : « Une transmission fantomatique inspirée par des idées d’amour éternel par le biais du téléchargement de l’esprit ; une histoire de vampire moderne. »

Elle a gardé de son séjour berlinois l’ensemble vocal avec lequel elle a travaillé et superpose des images d’elle-même trouvées sur le net, comme elle superpose ses voix répétées à l’infini. A la différence des précédentes compositions, Herndon ne travaille plus simplement avec des voix mais incorpore des rythmiques électroniques qui devraient lui ouvrir les portes vers un public plus large. Il s’agit du troisième album de l’artiste qui se taille une notoriété à l’image de ses propositions artistiques : forte, cultivée, réfléchie. Elle raconte que son album a été composée en compagnie de sa propre Intelligence Artificielle « Baby ».

A découvrir d’urgence avant tout le monde. On vous reparlera de l’album dans un article complet prochainement.


Grand Veymont atteint des sommets

Objet disque (Perio, Mocke, etc.) nous gratte-hifi  une fois de plus d’un EP qui porte bien son nom : Route du vertige.  Sorti le 18 février dernier, ces 4 titres aériens nous sont insufflés par un duo d’explorateurs de splendeurs : Béatrice et Jossselin aka Grand Veymont.

L’ascension de Grand Veymont, le plus haut sommet du Vercors (sic) ne dure que 45 minutes (le disque) mais cela suffit pour vite rentrer dans une transe synthétique. L’écoute s’apparente à une randonnée à travers les grands espaces pop , un saut avec ou sans élastique dans le Vert-Kraut, prendre de la hauteur enfin, sur des cimes analogiques. Au sommet, je déchausse le casque et continu d’être pris d’une extase cotonneuse jusque tard.

L’indiscutable héritage de Broadcast et de Stereolab est omniprésent pour les vétérans mais la référence passée, Route du Vertige  se trouve être unique et d’une très grande élégance. Entre le chant et la narration en français, Béatrice nous livre ses psaumes de façon habitée ce qui installe tout du long une atmosphère onirique, propice à la contemplation.

Grand Veymont

Les claviers vintages maîtrisés et une belle production confère à ce disque somptueux une aura qui saura dépasser je l’espère l’entre soi des diggers.

François LLORENS

Beat K enchante les désenchantés

Cela fait déjà deux ans depuis leur single Home que  Beat K se fait attendre, l’album  sort chez les italiens de Riff Records le 23 février 2018.

Ce duo d’anonymes, Paul et Ringo 😉 nous ont donc mis l’eau à la bouche avec leur drumming ethnic, leurs claviers colorés et leur voix douce fluidifiant le tout. Ils sortent enfin de manière éponyme Beat K un disque élégant,  sans colères et tout en retenue, un travail d’arrangements pointus et de samples calibrés.

Les tambours ethniques de Baden Baden s’adressent d’abord au corps puis à l’âme avec ses nappes rappelant un des thèmes de Twin Peaks. Cha CHa Cha sonne les cloches d’une réminiscence electropop 90′. A new spring, deuxième bijou du LP, installe une atmosphère envoûtante, sorte de transe synthétique nous plongeant dans une mélancolie contemporaine. Yellow, avatar de Yellow Submarine, clin d’œil aux petits gars de Liverpool est résolument moderne. Salt Lake City, pop song cotonneuse apaise toutes pulsions. Teen, avec cette fois une invitée chantant sur une ballade mœlleuse entre le conte de fée et la mythologie dionysiaque. Bianca clôt (nos yeux) parfaitement l’album, un titre très confortable de piano solo teinté d’ambiant.

Le premier LP de Beat K permet de finir l’hiver, à écouter sous la couette ou dans les transports. Home nous plonge dans de l’électronica unplugged qui évoque à merveille le spleen urbain de notre époque.

François LLORENS

Saintes Glaces, la Mort du Dragon !

Lidwine, retirée des affaires musicales de son propre projet pour une autre aventure en Normandie où elle s’est installée avec son mari, refait surface avec un projet étrange porté par des maléfices normands et gothiques que l’on pourrait imaginer tout droit sortis de la série d’épouvante « Penny Dreadful » avec Eva Green. Les titres sont enregistrés à la maison avec son mari Rolando Torres Martin et c’est un pur bonheur d’entendre Lidwine chanter en français. L’enchantement opère.

« Le projet ‘Nocturnes’ est né de la lecture d’un livre paru en 1845 « La Normandie romanesque et merveilleuse », un recueil des traditions, légendes et superstitions du pays normand écrit par Amélie Bosquet, écrivaine et romancière engagée, proche de Flaubert. Les morceaux de ‘Nocturnes’ sont de libres interprétations et transpositions de certaines de ces croyances et figures mythiques envisagées sous un angle féminin. Certains contiennent des enregistrements de sons ambiants réalisés de nuit dans la campagne du Cotentin.

https://www.facebook.com/saintes.glaces/

Nouvel album de Colleen le 20 octobre !

Colleen by Isabel Dublang

Colleen est probablement une des françaises les plus reconnues dans le monde et surtout ailleurs qu’en France depuis près de 15 ans avec ses débuts sur le label anglais de musique électronique « Leaf label ». Compositrice et violoncelliste, elle a déjà enregistré 4 albums et parcouru les scènes du monde entier avec ses pédales et pas seulement son instrument de prédilection mais aussi une clarinette, une guitare ou encore un accordéon. Son cinquième album « A flame my love, a frequency » sortira le 20 octobre sur Thrill Jockey, le label américain historique de Tortoise ou encore de Future Islands. Il amorce un virage électronique et défini par la maison de disque comme le plus proche de ce qu’on peux appeler un concept album, qui tente de créer une véritable symbiose entre l’artiste et la machine. Nous n’avons pas encore entendu l’album complet mais un premier titre  « Separating » a été publié sur la toile cet été et un second sur le site du label. On y reconnaît déjà les obsessions de l’artiste bien que les instruments acoustiques semblent absents . Colleen y pose sa voix douce et éthérée et on se laisse prendre par cette ritournelle bouclée. Des dates sont annoncées un peu partout aux Etats-Unis mais une seule date pour le moment en France au Festival BBMIX à Boulogne le 24 Novembre. On attend avec impatience.

https://www.thrilljockey.com/products/a-flame-my-love-a-frequency

Vous pouvez écouter un deuxième extrait sur sa page :

https://www.facebook.com/colleenplays/

 

Purity Ring, en course vers les étoiles…

Purity Ring (credit : Carson Davis Brown)

Dans leur nouveau clip paru il y a tout juste un mois, Megan James chanteuse et moitié synthétique de Corin Roddick met en scène, au travers du travail de l’illustratrice Talullah Fontaine, un personnage qui s’engouffre dans un trou du sol. « ASIDO », titre solitaire paru au milieu de l’été pour fêter les 5 années de la sortie du premier album « SHRINES » (4AD) raconte une fois de plus une histoire surréaliste presque morbide mais surtout très elliptique ayant pour base la nature. Non pas la nature des petits oiseaux dans la forêts mais une nature sublimée où les corps ne font qu’un avec le paysage. Il est étonnant que le groupe ait eu autant de succès avec des thèmes si Victoriens, les golems, les fantômes, les sorties du corps dans leurs précédents albums alors que leur image depuis leur début semble plus légère. Quoi que…

Tallula Fontaine, responsable de cette image depuis leur débuts, n’est pas totalement une inconnue dans le monde de l’illustration, son travail est paru dans de nombreux journaux et magazines comme Vice ou Glamour. Elle est basée à Edmonton au Canada, patrie des Purity Ring et son travail d’illustratrice colle parfaitement avec l’univers du groupe. http://www.tallulahfontaine.com/

« ASIDO », s’engage dans une direction électronique plus aérienne que les titres des albums précédents et présage d’un nouvel album prochainement. Après avoir travaillé sur 3 titres du nouvel album de Katy Perry « Witness » (ne prenez pas peur, svp), les deux canadiens partiront en tournée avec la néo blonde et tutoieront enfin les étoiles qu’ils essayent de décrocher depuis leur deuxième album.

http://purityringthing.com/

 

 

 

Musique électronique Iranienne sur Bandcamp

Antiope

Tout n’est pas complètement dit dans le titre ! Pour preuve l’excellent article du Daily Bandcamp « A guide to Iran’s Electronic Underground » qui recense sur sa plateforme les meilleures tendances du moment et nous fait un éditorial des plus intéressant sur la Musique électronique en Iran ou réalisée par des Iraniens. Un véritable guide commenté et des extraits d’entretiens qui poussent les portes d’un pays, pour nombreux d’entre-nous totalement inconnu,  et qui nous entraîne très loin des idées reçues.

Plongez dans cet article maintenant et découvrez  Antiope et sa musique post contemporaine, Porya Hatami et sa magie ambiant ou encore les drones puissants de Tegh and Kamyar Tavakoli ainsi que bien d’autres artistes exceptionnels. Bandcamp nous prouve une nouvel fois qu’il reste un acteur essentiel de la découverte et du soutien à la pluralité des musiques actuelles.

A Guide to Iran’s Electronic Underground

 

 

Sortie du troisième album d’ARCA, hybride.

ARCA

Difficile de faire l’impasse de la musique d’ARCA (aka Alejandro Ghersi), une musique parfois aussi difficile à écouter qu’à comprendre, tellement le chaos domine ce nouvel album intitulé « Arca » et qui sonne comme un manifeste artistique.

C’est que le jeune homme né au Venezuela le 30 Avril 1990, n’est pas totalement un inconnu : tour à tour producteur pour Kanye West ou FKA Twigs, il a fait ses armes avec la grande prêtresse islandaise Björk en produisant son dernier album « Vulnicura » en 2015, ce qui l’a fait connaître à un public plus large.

Sur son troisième album après Xen et Mutant (Mute), Arca travaille une musique hybride qui mélange des bruits concrets à la manière d’un Matmos satanique à des sonorités purement électroniques, a de la street beat sale et déstructurée. Et Ghersi d’une voix mal assurée, chante les corps en transformation passant d’un registre grave à aiguë, souffle des mélodies crépusculaires, comme si il allait tomber dans l’abîme de ses propres angoisses.

Arca est un album apocalyptique, rugueux et violent, qui évolue parfois dans des systèmes aqueux dans lesquels la chair se dilue en substances de corps distordus et troubles, comme ceux qui illustrent les vidéos réalisées avec Jesse Kanda, l’artiste visuel avec lequel il travaille depuis le début de sa carrière. On pense facilement au peintre Francis Bacon et à ses corps en distorsion, cassant les codes de la représentation et refusant la figuration pour se concentrer sur l’essence de l’âme qui souffre. Y a t-il de l’espoir dans ce futur antérieur sombre et parfois hanté par la mort ?

Une hybridation musicale qui insupportera certains et en fascinera d’autres…

https://www.facebook.com/arca1000000

http://www.arca1000000.com/