Modern English a connu un bref succès au début des années 80 avant d’être délaissé par le public et la critique. Premier album coup de poing, Mesh & Lace révèle un post-punk fiévreux ciselé par des synthétiseurs chaotiques.
Passionnés par la culture punk et inspirés par Joy Division ou The Wire, les anglais fondent The Lepers en 1979 avant de se rebaptiser Modern English, suite à l’ajout d’un synthétiseur dans leurs compositions. Repérés par le journaliste et animateur de radio John Peel , ils entament une tournée dans le pays, envoient une démo à Ivo, et figurent parmi les premiers groupes à avoir signé chez 4AD.
En 1980, ils sortent les singles « Gathering Dust », « Swans Of Glass » et « Smiles & Laughter » avant de se lancer dans la réalisation de Mesh & Lace. Ce sont les cendres du punk et la désillusion d’une Angleterre ultra-libérale qui amènent la bande de l’Essex à écrire les chansons caustiques de ce premier opus paru en 1981, martelées par des riffs et une voix pugnace sur lesquelles le synthétiseur laisse planer des ondes menaçantes. Modern English enregistre deux autres albums produits par Hugh Jones qui n’auront pas le retentissement escompté, mais le single « I Melt With You » connaît un vif succès aux États-Unis.
Le groupe quitte 4AD en 1984 et se tourne vers une production américaine avec Sire Records, l’essentiel de son public réside désormais dans le pays de l’Oncle Sam. Leur musique prend un tournant plus pop mais son public la juge trop édulcorée. Modern English ne parviendra pas à convaincre de nouveaux auditeurs et sombre dans l’oubli au cours des années 90, malgré la sortie de quelques disques qui passent inaperçus.
Ivo Watts-Russel tient Modern English pour une des formations les plus sous-estimées du label et est resté en très bon terme avec ses membres bien après leur départ de 4AD.
Jennylee, bassiste du groupe californien Warpaint, vient taper l’incruste sur le dernier single du producteur danois Anders Trentemøller. Plutôt en marge de ce que nous avait habitué ce dernier, le morceau vient plus rappeler l’univers Post-punk légèrement cold-wave que la bassiste avait développé sur son album solo, Right On, l’année passée. Pour écouter la collaboration, ça se passe ici :
Le 27 Mai dernier Siouxsie Sioux, chanteuse du célèbre groupe anglais Siouxie and the Banshees (qui vécu un temps dans le Sud Ouest de la France) a célébré son 60ème anniversaire !
C’est l’occasion parfaite de rendre hommage à un des groupes de Post Punk les plus célébrés de la terre, en vous faisant découvrir 7 titres emblématiques des 80’s sans lesquels la face du monde de la musique d’aujourd’hui serait vraiment différente.
1 ) HONK KONG GARDEN – 18 Août 1978
Classée directement n°7 dans les charts anglais et produite par Steve Lillywhite (Peter Gabriel, Rolling Stones ou encore Morrissey), la chanson s’inspire d’événements racistes impliquant des skinheads contre la communauté chinoise de Chinatown.
En raison de son côté plus « mainstream » que les autres titres issus des groupes de musique Punk de l’époque, Honk Kong Garden donne naissance au terme de « Post Punk », employé par la presse anglaise pour cataloguer ce nouveau genre musical à mi chemin entre la pop et le punk et ainsi définir la musique produite par des groupes comme Wire ou Joy Division. Siouxsie and the Banshees s’est rendu célèbre quelques moi auparavant en 1977 en enregistrant pour la BBC, deux « Peel Sessions » très remarquées alors même que le groupe n’est pas encore signé sur une maison de disque.
2) HAPPY HOUSE – 30 Mars 1980
Issu du troisième album studio intitulé « Kaleidoscope », le titre dénonce les abus de la société de consommation. Budgie, batteur et compagnon de Siouxsie Sioux apporte au titre une rythmique unique et réinvente un son qui préfigure ce que sera la Cold Wave notamment grâce aux guitares de John McGeoch (Magazine, Visage, Public Image Limited). Dans le clip promo, Siouxie Sioux apparaît les yeux charbonneux soulignés de Khol et habillée d’un costume d’Arlequin rose et noir qui semble s’intégrer au sol de la maison dont la géométrie impossible fait penser aux motifs du peintre néerlandais M.C. Escher et renforce l’idée d’une situation illogique. Les jeunes filles de l’époque s’emparent du look de Siouxsie Sioux et ce style vestimentaire va envahir les rues de Londres et les magazines de mode tels que Vogue.
3) CHRISTINE – 30 Mai 1980
Continuant d’inventer les 80s en créant la plus belle des histoires de la musique anglaise et du féminisme dans la musique, elle revient avec un titre sur les personnalités multiples qui raconte l’histoire de Christine, une fille au 22 visages. Une chanson inspirée de l’histoire vraie de Chris Costner Sizemore, une américaine schizophrène dont l’histoire avait été relatée dans différents livres à succès à la fin des années 70. En ajoutant un Flanger M117R sur ses guitares, John McGeoch continue de parfaire l’identité musicale du groupe ainsi que sa renommée. Celui-ciquittera le groupe en 1982. A noter qu’il existe une reprise de Christine par les Red Hot Chili Peppers jouée en 2001 pendant le V2001 festival et une autre par Simple Minds sortie sur une compilation en 2009.
4) ISRAEL – 28 Novembre 1980
En 1980, Polydor décide de sortir un single non issu d’un album, et ce qui semble comme un suicide commercial va devenir un hymne et consacrer le groupe définitivement comme le fervent défenseur d’une musique sombre et mystique du début des années 80. En live, Siouxsie habillée et maquillée à l’égyptienne, emprunte les images du peintre Klimt pour parfaire son style. Elle électrise le public qui saute et scande avec elle « Israel… in Israel ». Comme Bowie avant elle, Siouxsie Sioux va emprunter aux arts visuels et à la peinture, son maquillage romantique, ses tenues vestimentaires années 30 et définir un style unique et reconnaissable qui survit toujours aujourd’hui au travers des groupes et des fans de musique gothique. Cette chanson consacre définitivement l’icône « pop » et la déesse d’un monde sombre.
5) SLOWDIVE – 1er Octobre 1982
Premier single issu du cinquième album studio « A kiss In The Dream House ». Le groupe incorpore pour la première fois de son histoire des arrangements de cordes sur plusieurs titres, et des sessions sont enregistrées aux mythiques studios londonien Abbey Road. Ce sera le dernier album enregistré avec le guitariste McGeoch et définitivement, l’album le plus « arty » de ce début des années 80. Enrichi de nombreux effets sur les parties vocales, et enluminé d’instruments plus classiques comme des cloches ou de l’orgue, cet album va définir un son et une démarche artistique que des labels indépendants comme 4AD vont s’accaparer. Ce n’est pas innocent si le titre de cette chanson deviendra bien des années plus tard le nom d’un des groupes fondateurs du shoegazing…
6) DEAR PRUDENCE – 1984
QUIZZ : Sauras-tu retrouver qui se cache dans cette reprise des Beatles, issue de l’album Hyæna (version 2009) entièrement composé avec cet invité de marque ? (Réponse à la fin de cet article)
7) CITIES IN DUST – 18 Octobre 1985
Il s’agit du premier single extrait de l’abum « Tinderbox ». Ce titre renoue avec l’urgence et la musique Post Punk des débuts du groupe mais il va aussi marquer la fin d’une période et du son de la première moitié des 80s. En décrivant la fin de la cité de Pompei, sans le savoir, Siouxsie décrit la fin de l’âge d’or de la musique Post Punk. Derrière elle, les Cocteau Twins ou encore Dead Can Dance, propulsés par l’excellent label indépendant 4AD, sont allés bien plus loin dans la recherche d’une esthétique radicale et ont ainsi acquis le statut de demi-dieux d’une « Pop Arty ». Ils vont détrôner la déesse dans le cœur des amateurs qui va plutôt s’attacher, après 1985, à rendre populaire sa musique en la rendant plus accessible. Entre temps le poulain de Siouxsie Sioux, Robert Smith, son double masculin maquillé et coiffé comme elle, a conquis le cœur de l’Europe entière avec The Cure ….
Réponse au QUIZZ:Après avoir assuré l’intérim pendant quelques mois en 1979, Robert Smith prend une nouvelle fois le relais et devient à son tour le guitariste officiel des Banshees de 1982 à 1984. Il enregistre avec eux le single Dear Prudence, une reprise des Beatles qui sort en 1984 aux Etats-Unis et se classe rapidement dans les charts et compose avec Budgie et Siouxsie Sioux l’album « Hyæna »